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25.10.2018

Juliette Labous : sa saison 2018

Juliette Labous (Team Sunweb) est revenue longuement pour ROAD18 sur sa belle saison 2018. Sa seconde chez les pros.


J. Labous sur La Flèche Wallonne 2018 | © Patrice Fouques

R18 : Juliette, tu as débuté ta saison sur le Het Nieuwsblad avant de finir 33ème des Strade Bianche. Une journée mémorable en Toscane j'imagine, parcours, pluie diluvienne ...
JL : Oui en effet, ma première participation aux Strade Bianche restera dans ma mémoire ! Ma saison avait moyennement commencé au Nieuwsblad car j'étais tombée avant le Grammont dans une descente et j’avais fini la course toute seule avec un bon vent de face jusqu'à la ligne d’arrivée, mais on avait fait une belle course collective et je m'étais plutôt bien sentie. Sur les Strade Bianche, il faisait vraiment froid et avec la pluie c'était dantesque sur les chemins, mais j'ai vraiment bien aimé. C'était dur car sur tout le début de course je devais être devant. On a dû faire un secteur à bloc pour réduire le peloton (chose faite sur le 6ème secteur si mes souvenirs sont bons) et après je me suis battue pour finir avec un petit groupe, c'était vraiment dur ! J’espère y revenir en 2019 car c'est vraiment une course de guerrières et j'aime ça ! Et en plus ça ressemble un peu à du cyclo-cross.

R18 : Tu enchaînes ensuite avec le Trofeo Binda (toujours WWT), puis la Flèche Brabançonne à Gooik avant les Ardennaises : Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Quelles étaient les consignes de l'équipe pour ces dernières (protéger Coryn, Ellen, Ruth et Lucinda ou tenir un rôle plus libre) ?
JL : Sur toutes ces courses là, je devais en effet travailler pour nos leaders et c'étaient des courses de préparation pour moi. Je suis tombée malade au Trofeo Binda et après j'ai eu une période difficile sur les Ardennaises car j'avais en même temps des partiels et un stage avec mon DUT. C'est donc plutôt compliqué quand on additionne le rôle d'équipière avec une forme pas à 100% sur ces courses. Mais je savais pourquoi je le faisais donc ça s'est bien passé.

R18 : Arrive un mois de mai important où tu vas multiplier les performances internationales. D'abord en te classant 7ème du Tour de Yorkshire en finissant 7ème du reste de l'étape en côte à Ilkley (la côte de Cow and Calf) juste derrière Liane.
JL : C'est l'un de mes meilleurs souvenirs de la saison. Avec Liane on a eu nos premiers rôles de leaders au Yorkshire pour pouvoir apprendre et ça s'est vraiment bien passé. C'était énorme d’être avec les plus grands noms du vélo dans le final de la course !

R18 : Sur le Tour de Californie (Women's WorldTour), tu termines 9ème à South Lake Tahoe de l'étape-reine par le Daggett Pass. Et tu conserves cette place au classement final.
JL : Un peu pareil que pour le Yorkshire, j'avais le rôle de leader avec Ruth Winder et tout s'est joué dans le long col (14 km, en altitude). Je me suis sentie vraiment en forme et j'ai réussi à m'accrocher le plus possible pour rentrer dans le Top 10. J'ai vraiment apprécié le fait que l'équipe me laisse ma chance au Yorkshire et en Californie. C'est vraiment top pour se développer et prendre confiance en soi.  

R18 : Tu coupes un mois avant de décrocher l'argent sur le championnat de France du CLM (titre Espoirs en poche) à 29" d'Audrey Cordon-Ragot. Tu avais d'ailleurs le meilleur temps au PC1.
JL : Oui après le Tour de Californie j'ai coupé. J'en avais besoin avec le décalage horaire, et c'était un des seuls moments possibles avant d'entamer la préparation pour le Giro. Ce n'était pour sûr pas la préparation la plus optimale pour les France mais c'est souvent comme ça je pense avec le Giro qui suit. J'ai été très satisfaite de ce chrono (le premier pour moi de l’année mais c’est le cas pour la majorité des filles qui courent en UCI). C'est encourageant de finir beaucoup moins loin qu’avant d'Audrey et ça motive pour les années à suivre. Je pense que ça booste également Audrey donc ça nous tire toutes vers le haut. Et le maillot Espoir m'a vraiment fait plaisir. C’est toujours une fierté de décrocher un titre de championne de France.

R18 : Tu finis 6ème (premier peloton) du National en ligne en courant évidemment en "individuel".
JL : Oui en effet. Ce n'est pas facile de courir en individuel sur un championnat mais c'est le jeu et je n'ai pas eu beaucoup de choses à regretter. Même vraiment peu mais j’aurais dû soit anticiper avant Aude, soit réagir plus vite mais ça s'est joué vraiment vite. J'étais quand même contente de ma course et j’ai beaucoup mieux couru que l’an passé donc c’est encourageant.


J. Labous en blanc sur le Giro Rosa 2018 | © Team Sunweb

R18 : Le Giro Rosa. C'est ta 1ère participation et la Team Sunweb éclabousse le début de ce Tour d'Italie : victoire sur le chrono par équipes à Verbania, succès de Ruth Winder à Omegna, le maillot rose passe sur les épaules d'Ellen, Lucinda, Leah puis Ruth.
JL : C'était vraiment super. La première étape avec le CLM par équipes a déjà bien lancé le Giro pour nous (ma première victoire UCI en CLM par équipes donc j’étais vraiment contente). Puis les podiums, victoires, le maillot rose qui passe de fille en fille et Liane et moi qui avons eu le maillot de meilleur jeune, je pense qu'on ne pouvait pas espérer mieux. Ca a été une vraiment belle expérience pour moi. C'est un Tour difficile mais on apprend beaucoup et on dit que ça fait prendre de la caisse.

R18 : Tu as porté aussi le maillot blanc de meilleur jeune. Avais-tu eu l'espoir de le conserver ou tout était vraiment pour le collectif ?
JL : Tout était pour le collectif, je ne jouais pas ce classement. Mais c'était vraiment plaisant de l'avoir porté et je le portais fièrement !

R18 : Finalement, tu conclus ce Giro au 29ème rang en te classant 10ème de la der dans le Frioul. Rendez-vous est pris pour l'avenir ?
JL : Oui complétement ! Mon Directeur Sportif m’avait un peu mis la pression avant la dernière étape pour que je sois dans la bonne échappée. C’était pour me motiver et ça a marché. C’était super d’être devant et d’avoir pu s'accrocher le plus possible dans la dernière bosse quand les favorites sont revenues, et d'avoir pu aider Lucinda dans le final. J’étais surprise mais depuis le jour du chrono que j'ai dû faire en-dedans (chose difficile pour moi) pour récupérer, je me suis sentie de mieux en mieux au fil des jours et finir comme ça c'était super.

R18 : Après La Course by le Tour de France (37ème au Grand-Bornand), vinrent les Euro' à Glasgow. La route est placée avant le CLM où tu prends une prometteuse 12ème place.
JL : La course by le Tour a été très compliquée pour moi, surtout le début de course où c'est parti fort et j'étais incapable de me mettre à des puissances élevées, j'étais bloquée. C'était normal sûrement après 10 jours de course et un jour de voyage/repos juste avant. Aux Europe, on a fait une très belle course d'équipe sur la course en ligne. C'était parfait pour moi d'être en échappée. Malheureusement les autres équipes n'ont pas voulu continuer comme ça et après mon retour dans le peloton j'ai été prise dans la chute de Séverine Eraud qui s'est bien fait mal. Je ne me suis rien cassée mais ai eu une bonne inflammation en-dessous de la rotule. Heureusement le staff équipe de France a été super et j’ai pu me débrouiller sur le CLM. J’étais déçue car j’ai eu des vraiment mauvaises sensations et j'ai cru que j’allais être dans les dernières en passant la ligne. Apprendre donc que j’étais 12ème m'avait bien remonté le moral quand même !

R18 : Direction la Suède pour deux épreuves WWT. Sur la Vargarda TTT, la Sunweb termine à 16" de la Boels-Dolmans.
JL : Belle course au chrono par équipes même si on a manqué un peu de technique de roulage sous la pluie dans les virages. On était quand même satisfaites.


J. Labous lors du CLM des Mondiaux 2018 | © Patrice Fouques

R18 : Enfin les Mondiaux d'Innsbruck, quels sont tes commentaires sur les tracés et la course en ligne ? Lors du contre-la-montre, tu te classes 13ème avec tout le gratin mondial présent. Tu es la plus jeune du Top 20.
JL : Au niveau des réactions suite à l'annonce des parcours, moi j’étais satisfaite de ce qu'on avait. 160 km avec 2500m de dénivelé c'est largement suffisant pour faire la différence chez les filles (je pense aussi chez les garçons, la course serait simplement plus agressive et moins ennuyante, on ne verrait pas des échappées avec 17 minutes d’avance !). On en a eu la preuve avec notre course. D'un point de vue personnel, j’étais déçue car je me suis sentie mal dès le début sur la course en ligne. Je voulais montrer que j’étais capable de faire quelque chose de bien sur un parcours comme ça et à ce niveau là mais je n’ai pas été en mesure de le faire, donc revanche à prendre !

J'ai été par contre super contente de mon CLM. Tout s'est passé comme je le voulais et j’ai eu des jambes super. Une de mes meilleures sensations sur un chrono. (Cela reste dur, mais quand on voit que quand on se fait mal, ça répond bien et qu’on va plutôt vite, ça fait plaisir). Il y a encore du boulot bien sûr mais c'est physique et en effet quand on voit le Top 10 (plus de 26 ans minimum), on peut se dire que c'est normal. Il nous manque un championnat du Monde Espoirs Femmes au moins sur le contre-la-montre. Je ne vois pas pourquoi ça serait difficile d’en faire un car ça pourrait se faire en même temps, avec simplement plus de filles au départ et un deuxième classement. Cela nous valoriserait beaucoup plus car si on dit aux gens qui ne connaissent pas vraiment le vélo qu'on a fait 13ème avec les Elites, ce n'est pas pareil que de dire vice-championne du Monde Espoirs. Donc j’espère que ça évoluera dans le futur !

R18 : En évoquant 2019, la Sunweb "bouge un peu" avec les départs de Van Dijk et Winder et trois arrivées : Janneke Ensing et les jeunes Susanne Andersen et Pfeiffer Georgi. On peut imaginer qu'à l'instar de Liane Lippert ou Pernille Mathiesen, tu vas avoir encore plus de responsabilités l'an prochain ? As-tu déjà une idée sur tes objectifs ?
JL : Oui je pense qu'en effet, ça laissera plus de place pour avoir des responsabilités plus souvent. Je n'ai pas encore mon planning pour l’année prochaine, on ne l'a pas encore fait. Mais je pense qu’il ressemblera à celui de 2018, avec seulement des rôles différents sur certaines courses. Il me tarde déjà de courir avec ce nouvel effectif ! Je peux en plus mieux m’entraîner et je pense que la récupération sera plus simple car j'ai fini mon DUT en juin dernier, et grâce à l'Armée des Champions (le Bataillon de Joinville) et Sunweb, je vais pouvoir me permettre de faire du vélo à 100% donc c’est top !

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